Produire de l'énergie solaire à partir de films photovoltaïques souples adaptables sur une voile, un taud ou un bimini est désormais possible. Mais comment ça marche ?
Depuis quelques années, I'énergie solaire connait des progrès spectaculaires, notamment avec les nouveaux panneaux solaires souples qui s'adaptent mieux aux formes arrondies des superstructures des roufs. Pourtant, même si leur poids a été divisé par cinq, leur étalement et leur efficacité restent limités, et leurs mise en oeuvre souvent jugée trop contraignante. Le solaire n'a donc pas encore complètement colonisé nos bateaux mais cela pourrait bien changer avec la nouvelle solution mise au point par la société Solar Cloth System, à Mandelieu (Alpes-Maritimes). Son fondateur, Alain Janet, responsable également de la voilerie UK Sailmaker, avait réfléchi depuis 2010, date à laquelle a débuté la cuisson sous vide des voiles composées de membranes en fibre continue (type voiles en plastique translucide), à utiliser la plus grande surface disponible sur un voilier pour produire de l'énergie, c'est-à-dire les voiles.
Grâce à l'expérience acquise dans les procédés de collage et de thermofusion des composants de ces tissus laminés hautement technologiques, est né l'idée de pouvoir y incorporer un film photovoltaïque pouvant être intégré sur les textiles laminés ou tissés comme les voiles ou les tauds. Ces films, produits industriellement, sont composés de cellules photovoltaïques CIGS formées par couches (cuivre, indium, gallium, sélénium) déposées à haute température (plus de 550°C) sur un substrat souple.
Pour faire des films photovoltaïques CIGS performants sur support plastique, il faut maîtriser le dépôt des couches CIGS à basse température sur un support plastique, savoir-faire qu'a donc développé Alain Janet depuis 2010 à force d'innombrables tests et essais.
Conscient des débouchés et applications possibles de ces tissus pourvoyeurs d'électricité, il investit dans un outil de production en construisant une salle blanche — la poussière produit de l'électricité statique ne faisant pas bon ménage avec ces cellules GIGS — et un tapis roulant muni d'une presse hydraulique chauffante à 160° sous vide aux montées et descentes de température contrôlées électroniquement. Composé du meilleur de la technologie, le tissu obtenu utilise du film photovoltaïque CIGS protégé recto verso par un film barrière en éthylène tétrafluoroéthylène (l'ETFE est un copolymère de l'éthylène et du fluoroéthylène utilisé en ouvrage d'art car hautement résistant à toutes les intempéries) qui accentue la captation de la lumière car il absorbe une grande partie des rayons infrarouges, lui-même collé par un encapsulant de part et d'autre.
Le procédé chimique ainsi obtenu forme un tissu d'une épaisseur de 65 microns et d'un poids de 210 g au m2, il est intégrable sur des voiles en laminé (à la condition d'une technicité bien précise)a une espérance de vie de plus de cinquante ans, insensible à la pollution, aux rayonnements UV et autres facteurs environnementaux comme le sel, la chaleur, l'humidité ou le froid.
Son rendement est inférieur à celui des meilleurs panneaux solaires et en condition de plein ensoleillement (STC), il faut compter sur une puissance d'environ 75 watts par m2 - un tout nouveau tissu développant 120 watts/m2 sera disponible dès 2018 - mais il est actif à la seule luminosité et son spectre d'angle de captation des rayons, qui est plus important que celui des panneaux cristallins, devrait compenser ce déficit en conditions réelles d'utilisation.
De plus, sa qualité première est sa facilité de mise en oeuvre offrant la possibilité de le positionner obliquement au soleil comme sur les voiles ou avec la réflexion sur l'eau. Il est stockable roulé dans un étui à dessin ou dans une housse bordée de velcro et peut se placer à différents endroits du bord.
Source : Voile Magazine